Texte • Landau

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Qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions ! C’est avec plaisir que je partagerai tous les jours un texte écrit sur mon carnet de textes, qu’il soit court ou plus long, en prose ou en vers. Sur ce je vous laisse avec ce premier texte du 2 janvier 2023 : Le Landau.

Seuls les rayons de la Lune, baignée de lumière grâce au Soleil, perçaient le salon en rideaux de fer.

Le sol et tout ce qui se trouvait sur sa gauche se noyaient dans une épaisse obscurité que nul animal nocturne ne voudrait connaître. Quand il regardait dans cette direction, une angoisse montait en lui sous la forme d'une boule de verre qui restait coincée dans sa gorge. Privé de parole, il se détourna très vite et chercha du regard quelconque objet qui l'aiderait à s'échapper d'ici. Les portes se furent condamnées à la minute où il fut entré.

En s'enfonçant un peu plus dans cette pièce lugubre, non sans secouer chaque planche de parquet comme si le poids du monde pesait sous ses pieds, Martin vit ce que les rayons lunaires éclairaient. C'était un landau bleu roi, tourné face à une petite cheminée de briques et dont le tissu était déchiré par de petites entailles, comme si un louveteau s'y était frotté, dans l'espoir qu'un bébé quittât sa cage de coton pour jouer avec lui. Au beau milieu de l'humidité et de la moisissure, ce petit lit sortait du lot par son âme qui semblait toujours là, à le sentir venir vers elle.

À mesure qu'il progressait vers le landau, son cœur se manifestait de plus en plus, si bien qu'une fois arrivé, il cognait pour sortir de sa cage thoracique, avec l'envie de mourir dans la poussière et l'odeur fraîche des ténèbres. Alors que Martin pensait découvrir un landau vide, il découvrit avec effroi un enfant. Ces grands yeux innocents étaient les seuls organes que la mort avait laissée.

Hypnotisé par ce regard aussi perçant que l'éclat d'une émeraude, Martin resta planté devant ce petit corps et cessa tout mouvement, y compris le va-et-vient naturel lui permettant de respirer. Figé dans le temps, l'air n'existait plus. Son corps demeurait inchangé, tandis que son esprit hurlait au secours, incapable de rompre le lien des yeux dans les yeux.

C'est dans cette même position stoïque qu'il sera découvert par un autre aventurier imprudent, deux cents ans plus tard.

« Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n’est pas impossible que tout le monde ait tort. »
– Gandhi.

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